Les pyramides sont des centrales électriques : comment maître Gims est devenu la risée de la Toile

Maître Gims a dispensé un bien curieux cours d’Histoire lors d’une interview

Par Aylan-afir Modifié le 12/04/2023 à 13:30
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Le Web est l'eldorado des complotistes de tout acabit qui répandent les théories les plus folles. Dans cet exercice, le rappeur Maître Gims s'est bien illustré récemment, en affirmant que les pyramides étaient en réalité des... centrales électriques. Il assure également que les Africains peuplaient l'Europe bien avant les Européens.

« C'étaient de foutues antennes ! »

Gims s'est livré dans une interview YouTube diffusée le 28 mars dernier sur la chaîne OuiHustle. Le chanteur a dispensé aux internautes un cours d'Histoire hallucinant aux relents complotistes, voire révisionnistes. Gims a notamment assuré que les Pyramides étaient en fait de sortes de centrales électriques.

 « Les pyramides que l’on voit, au sommet, il y a de l’or, et l’or, c'est le meilleur conducteur pour l’électricité… C'étaient des foutues antennes ! Les gens avaient l’électricité et les historiens le savent », a clamé l'artiste. Son interlocuteur, le youtubeur LeChairman, ne l'a pas interpellé. Il s'est contenté de l'écouter sagement.

Tristan Mendès France est essayiste et maître de conférences associé à l’Université Paris-Cité. Selon lui, cette théorie « dangereuse, mais loin d’être nouvelle, se propage, depuis des années, dans de nombreuses vidéos et mauvais documentaires ». Il explique que les « pyramides ont toujours inspiré une mine de théories : elles seraient des batteries électriques ou des piles géantes, selon certains. C’est un discours qui relève d’une grande naïveté et le symptôme d’une mal-information dramatique ».

Les « Afropéens »

Mais Gims ne s'est pas arrêté là. « L'Afrique a peuplé l’Europe avant les Européens. On les appelait à l’époque les Afropéens. Ils ont été décimés par les vrais Européens qui venaient d’Asie. (…) Et 50 000 ans avant les Européens, on avait la notion de chevalerie », clame-t-il encore.

Ce type de discours trouve ses racines dans les théories du militant panafricaniste controversé Kemi Seba. Ce Franco-Béninois, condamné pour « incitation à la haine raciale », dénonce notamment le « néocolonialisme » de l'Occident en Afrique.

Le révisionnisme, une tendance aussi dangereuse que populaire

« Gims reprend à son compte cette idée que l’Occident aurait travesti l’histoire et écrasé l’Afrique en tentant volontairement de cacher sa grandeur. Cette théorie est nourrie par un ressenti de l’histoire coloniale légitime, mais elle s’appuie sur des arguments foutraques et sans fondement », estime Tristan Mendès France.

Rappelons que Gims, ce n'est pas moins de 3 millions d'abonnés sur Twitter, 11 millions sur Facebook et 11 autres millions sur Twitter. « Plus grave encore, cette remise en cause de l’histoire s’adresse à une audience jeune. Cela peut déboucher sur une confrontation narrative des collégiens ou lycéens avec leurs profs. De façon plus générale, on défend ici l’idée qu’il y a un complot de l’Occident pour cacher la grandeur de l’Afrique », prévient le maître de conférences.

L'exposé de Gims s'achève en faisant référence à « des tableaux cachés dans les catacombes ». Le chanteur explique que ces derniers représentaient des « chevaliers noirs 50 000 ans avant les Européens ». « On a bel et bien des illustrations montrant des chevaliers noirs de peau, notamment à travers la figure de Saint-Maurice. Mais il n’y a rien de caché et certainement pas dans les catacombes », rétorque un collectif d'historiens spécialistes du Moyen-âge. « La présence d’Africains au Moyen-Âge en Europe est bien attestée dans les sources et bien étudiée par les médiévistes », assurent-ils.

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